Je ne suis pas raciste, mais...
- Sébastien Tremblay
- 3 juin 2020
- 3 min de lecture
Ça m’a pris des jours avant de vouloir prendre la parole sur ce sujet chaud qu’est le racisme. Oui, George Floyd, la brutalité policière et le saccage de vitrines sont des sujets chauds. Mais au final, chacun de ces sujets nous ramène au racisme.
Ça m’a pris des jours avant de vouloir prendre la parole et je ne suis pas encore certain d’être prêt à en parler comme je le voudrais. Est-ce que je devrais diffuser ceci? Je me le demande une dernière fois avant de cliquer sur « publier ».
Ça m’a pris des jours avant de vouloir prendre la parole parce que j’avais ce sentiment que je me mettrais en avant-plan, une sorte d’opportunisme pour augmenter mon capital de sympathie. Exactement comme l’a nommé l’humoriste Alexandre Barrette (cliquez sur le texte ci-bas pour lire tout son message) :
Ça m’a pris des jours parce que je ne voulais pas m’exprimer sans vraiment avoir réfléchi à la question. C’est un sujet lourd, délicat, sérieux et trop important pour juste dire que je suis un allié à la cause noire. Ou juste pour mettre une photo de profil de carré noir en guise de soutien. (Sans offense à celles et ceux qui le font. Je suis persuadé que la plupart le font suite à une réflexion, pas juste pour suivre la vague. J’ai quand même un certain malaise. Est-ce réellement ce dont ont besoin les personnes racisées concernées?)
Ça m’a pris des jours parce que je me suis demandé quelle est ma place dans cette discussion qui est fondamentalement nécessaire. Je suis un blanc, je suis un privilégié. Qui suis-je pour prendre position?
Mais surtout, ça m’a pris des jours parce que je me suis questionné sur mes agissements. Je sais que je suis rempli de bonnes intentions. Je ne ressens aucune haine envers les personnes racisées. Je n’ai pas plus peur pour ma sécurité quand il y a un groupe de Noirs près de moi que quand il y a un groupe de Blancs. Mais je me suis rendu compte que, malgré quelques efforts conscients, mon entourage et ma consommation culturelle est très majoritairement blanche et occidentale. Pourtant, je me considère comme quelqu’un d’ouvert d’esprit. C’est paradoxal tout ça, et je n’aime pas. Je déteste quand les paroles et les pensées ne sont pas cohérentes avec les actions.
J’ai donc l’impression de faire partie du problème, dans un certain sens.
Au début du texte, je dis que tout ce qui est discuté présentement autour de ce meurtre de George Floyd, ça nous ramène au racisme. Le racisme est bel et bien présent. Aux États-Unis comme au Québec et ailleurs dans le monde. Comme l’a dit le rappeur Webster au podcast Sans filtre, le début de l’histoire des Amériques est basé sur le racisme. Le traitement réservé aux Autochtones lors de la colonisation par les Européens et l’esclavage des Noirs ont encore aujourd’hui des impacts immenses sur ces communautés.
Pour essayer de ne plus faire partie du problème, je m’éduque, comme en écoutant les réflexions de Webster dans ce podcast vraiment intéressant.
Pour essayer de ne plus faire partie du problème, je veux lire davantage de bouquins, écouter davantage de séries / films / podcasts mettant en valeur ou étant réalisés par des personnes racisées. Je veux parler et nouer des liens avec davantage de personnes racisées, dans la vie comme au travail. Je veux être davantage à l’écoute de toutes les réalités. Je veux me faire dire comment être un bon allié et je veux me faire dire (même si je n’aimerai sans doute pas l’entendre) si j’agis de manière à perpétuer ce racisme systémique dont l’existence au Québec est sans équivoque, quoiqu’en pense notre premier ministre François Legault.
Je ne suis pas raciste, mais… ça se peut que j’aie inconsciemment des comportements à tendance raciste. Je voudrais que ça soit porté à ma conscience afin que je puisse les éliminer.
Parce que Black Lives Matter.
Dans le sens qu’aucun Noir ne devrait se faire assassiner par un policier, mais aussi parce que la vie de tous les Noirs ne devrait pas être plus laborieuse que la mienne en raison d’une différente pigmentation de la peau.
Citation coup de cœur :
“It is awful. But next to what some people are going through, this is nothing.”
“They're guitars, not human lives.”
- Lenny Lanteigne, gérant du Steve’s Music,
magasin montréalais qui a été pillé à la suite de la manifestation du 31 mai.
Cliquez pour lire l’article complet de CTV News.
Quatre recommandations culturelles (gâtez-vous!) :
1- Le court-métrage de Spike Lee, 3 Brothers
2- Le court-métrage documentaire de Catherine Dorion, Retrouver le nord
3- Le livre coup-de-poing de Ta-Nehisi Coates, Une colère noire : lettre à mon fils
4- Le film Nappily Ever After, de Haifaa al-Mansour, mettant en vedette Sanaa Lathan
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