C'est l'heure des bilans...
- Sébastien Tremblay
- 30 déc. 2021
- 6 min de lecture
Eh oui, 2021 tire à sa fin, enfin.
J'ai juste envie de dire que c'était une année de grosse marde. Je suis persuadé que peu de gens me contrediront (tant mieux si vous avez eu une bonne année!)
Qu'est-ce qu'on peut retenir de cette année? Personnellement, je retiens mon rapport au temps. J'ai l'impression que ça fait 8 ans que nous sommes en pandémie, mais j'ai aussi réellement l'impression d'avoir vécu 8 ans en 1, tellement il s'est passé d'affaires.
J'ai appris à me prioriser moi, mon corps et ma santé. Pas eu le choix trop trop. D'ailleurs, je me porte plutôt bien. J'ai été hospitalisé 3 semaines pour l'autogreffe de cellules souches. On saura dans 2-3 mois si ça a bien fonctionné, si ça me permettra de repousser la prochaine récidive de la maladie et améliorer ma qualité de vie entre-temps. Je retrouve tranquillement un meilleur niveau d'énergie.
Ça a aussi été l'année où j'ai appris le plus de mauvaises nouvelles à propos d'un bon nombre d'amis proches, que ce soit en termes de maladie ou de décès dans l'entourage. J'ai jamais été aussi shaké et autant réfléchi à ce qu'il est bon de dire dans de telles circonstances. Dans le fond, je pense que l'essentiel est d'être à l'écoute et de donner du love.
Du côté positif... parce que bien sûr qu'il y en a!
Le Canadien nous a donné de merveilleuses séries éliminatoires totalement imprévues, à un moment où j'avais bien besoin de quelque chose d'aussi grand.
Mon épreuve de vie m'a permis de voir de nouveaux aspects de gens près de moi. Je (on) chiâle souvent, avec raison, sur l'imbécillité humaine, mais il ne faut pas oublier à quel point l'être humain peut être beau. Pis les gens beaux, on les aime pis on leur dit merci.
Finalement, la culture ne fait jamais faux bond. J'ai jamais eu autant de temps libre et j'ai encore plus constaté que la quête de tout écouter, tout regarder et tout lire ce qui m'intéresse est une quête vaine. Les bons artistes d'ici et d'ailleurs sont infinis, autant que la grandeur de la dynastie galaxique.
Ce qui m'amène à la littérature, cet art qui nous fait voyager très loin sans même bouger (sauf si tu lis dans le transport en commun). Ça fait quelques années que je profite de la fin de l'année pour publier ce qui m'a marqué dans mes lectures. Je ne ferai pas exception cette fois-ci, même si ça a été compliqué pendant longtemps pour moi de m'adonner au plaisir de lire. Comme dirait Yvan Ponton dans 30 images seconde, TOP 5!
5- Brébeuf, Catherine Côté, 2020 (Triptyque)

Brébeuf est un roman où une journaliste collabore avec la police pour élucider une série de crimes. Des victimes s'accumulent et sont en lien avec le Collège Jean-de-Brébeuf. L'histoire se passe en 1947 et on ressent bien l'ambiance de l'époque. C'est un roman principalement policier, mais la psychologie des personnages principaux est bien développée aussi. Cet aspect m'a fait m'attacher aux personnages et me donne envie qu'il y ait une suite.
4- Sa parole contre la mienne, Chrystine Brouillet, 2021 (Druide)

Sa parole contre la mienne est excessivement d'actualité, étant un autre roman dans lequel une journaliste collabore avec la police pour révéler la vérité, cette fois sur une affaire d'agression sexuelle. L'intrigue va bien plus loin, plongeant dans l'histoire d'un groupe d'amis qui ont commis d'autres types de crimes. Plusieurs twists, menées par une écriture simple mais efficace, fait de ce livre un bon thriller, mais surtout un thriller nécessaire.
3- La lutte, Mathieu Poulin, 2019 (Ta Mère)

La lutte, c'est une sorte de lettre d'amour à la lutte en tant que sport, mais aussi à la lutte en tant qu'élément nécessaire au progrès social. Les deux types de luttes se mélangent alors que la création d'un syndicat pour les lutteurs d'une association amateure se transpose comme histoire principale dans le ring. C'est bien ficelé, drôle, intelligent. On reconnait bien la signature des Éditions de Ta Mère.
2- Il préférait les brûler, Rose-Aimée Automne T. Morin, 2020 (Stanké)

Il préférait les brûler, c'est en quelque sorte la suite de Ton absence m'appartient. Ce dernier était un assemblage de récits sur ce thème de l'absence, alors qu'Il préférait les brûler est une autofiction inspirée de l'enfance de l'autrice qui a dû apprendre à vivre avec un père cancéreux qui veut absolument prendre le peu de temps qu'il lui reste pour éduquer sa fille à sa façon. Touchant, drôle et mené par une écriture qui me charme à tout coup. Je suis vendu à cette autrice et journaliste/chroniqueuse.
1- N'essuie jamais de larmes sans gants, Jonas Gardell, 2012-2013 (traduction, 2018, Alto)

N'essuie jamais de larmes sans gants est à propos d'un groupe d'amis homosexuels dans le début des années 1980 à Stockholm. Une nouvelle maladie se répand de plus en plus parmi eux. Ce n'est pas un roman rempli d'action, mais comme le disent Les Libraires, c'est « un véritable monument de mémoire, d'humanité et de beauté. »
Un monument de mémoire, car il y a plusieurs passages relatant le réel historique des homosexuels et du sida en Suède (et même ailleurs). L'auteur Jonas Gardell a fait énormément de recherches.
Un monument d'humanité et de beauté, car, comme lecteur, on a envie de voir les personnages s'épanouir et s'accrocher à leur vie. Malgré la profonde laideur de la maladie, c'est d'abord et avant tout un hommage au beau, à l'amour et aux relations humaines. C'est beau beau beau.
C'est un livre qui m'habitera longtemps. Je n'ai aucunement hésité à le mettre #1. C'était déjà clair à la fin de ma lecture au mois d'août.
Est-ce anodin que mon top 2 soit des livres abordant la maladie? C'est bizarre, mais ce sont deux livres que j'ai débuté avant de savoir que j'ai un cancer. J'ai délaissé ces deux lectures en cours de route (pour des raisons qui n'ont rien à voir avec le fait que je ne les aimais pas) et je les ai terminés après avoir su pour ma maladie. Donc je penche vers un hasard pas tant surprenant.
Chose certaine, si Dis merci, de Camille Paré-Poirier, et Mille secrets mille dangers, d'Alain Farah, font partie de mon top l'an prochain, ce ne sera pas anodin ni surprenant...
Pour terminer ce récapitulatif de l'année, le choix de mon podcast et de ma chanson de l'année ne sont pas anodins non plus.
RIIIIIIIINNNNCCEEEEE-CREEEEMMMEEEEEEEE, le podcast des Denis Drolet
Le choix a été facile parce qu'ils sont encore plus malades que moi! Ils m'ont fait tellement de bien avec leurs niaiseries abusivement absurdes. Comme je suis fin, je vous mets un de mes épisodes préférés, dans lequel les Denis parlent notamment de l'étiquette à table, des perruques, de l'attente à l'urgence et délirent ensuite avec Sarah-Jeanne Labrosse qui raconte une anecdote de dents de sagesse... de quoi nous rendre plus sages (pas tant)! Pour écouter les 55 autres épisodes, abonnez-vous à leur Patreon, je ferai pas toute la job pour vous autres, hey oh!
Pour ma chanson de l'année, je vous mets l'intégralité des paroles, tellement c'est touchant et que ça représente une bonne partie de mon 2021.
Voici Salomé Leclerc avec Tes voyages, de son album paru chez Audiogram il y a quelques mois, Mille ouvrages mon cœur :
Quand la nuit efface
Dans mes mains
Toutes les lignes qui reliaient ton destin et le mien
Quand la nuit efface
Ta lumière sur ma peau
T'es là en haut
Quand le soir tombe avec moi
Et noircit les chemins qui me menaient là dans tes bras
Quand le soir tombe
Je sais que tu es là
T'es parti sans me parler de tes voyages
J'espère que tout va
T'es parti, mon cœur n'arrête pas l'ouvrage
Et ça ne changera pas
Quand le ciel se plombe
Je le prends sur mon dos
T'es là en haut
Tu me manques autant que ça
Mais y a ici tout ce qu'il faut pour que la mort ne gagne pas
Et qu'elle le veuille ou pas
Il y aura toujours au fond de moi un peu de ta voix
Quand je suis seule
T'es encore avec moi
T'es parti sans me parler de tes voyages J'espère que tout va T'es parti, mon cœur n'arrête pas l'ouvrage Et ça ne changera pas T'es parti sans me parler de tes voyages Ici, ça va pas Ça ira Ça ira
Je nous souhaite un 2022 plus doux, tout simplement. On le mérite, non?
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